Je vous partage aujourd'hui le conte de Noël que j'ai écrit et lu lors de la séance Contes et méditations de cette semaine.
Installez-vous bien au chaud et laissez vous voyager dans la magie de Noël.
Imaginez vous au cœur de l’hiver naissant, sur les hauteurs de Jérusalem, la ville sainte.
Venu visiter cette ville, vous vous promenez simplement par cette belle soirée d’hiver. Emmitouflé dans votre plus beau manteau, vous êtes bien au chaud, prêt à déambuler au gré de vos envies, attiré par les lumières du soir, les bonnes odeurs d’amandes grillées.
C’est la nuit de Noël, et la ville se prépare à se rassembler, à se retrouver, à célébrer cette nuit sainte.
L’air est comme enrobé de douceur, d’une pointe de magie, de l’excitation des enfants, des rires des parents, des effluves chantantes des cuisines, ...
L’heure est à la célébration, chacun célébrera ce soir son Noël, avec les siens, ses proches, ses amours, …
La nuit est tombée tout autour de vous, les étoiles nombreuses brillent dans le ciel. Ce soir, les nuages se sont dissipés, laissant pour une nuit, les cieux brillants à la vue de tous.
A chaque fenêtre, des bougies, des lampions qui forment ensemble maison après maison, une guirlande de lumière.
Petit à petit, les bougies s‘éteignent dans la nuit de Noël, est-il déjà l’heure de se coucher, de sombrer dans le sommeil plein d’espoirs de cette nuit magique?
Non, sortant des maisons, les habitants viennent les uns après les autres se joindre en un cortège. Chacun porte un flambeau, et tous ces flambeaux ensemble, deviennent une source de lumière mouvante, joyeuse, …
D'abord silencieux, le cortège émet maintenant des chants sacrés. Des chants qui émanent du fond des cœurs, transportent la paix et la douceur, la sérénité sacrée, l'amour divin.
Ce cortège déambule dans les rues, illuminant la ville d’un soupçon de magie, comme une trainée de poudre d'or qui, ruelles après ruelles, illuminent le quartier tout entier.
Cette nuit comme aucune autre, porte en elle une lumière dans chaque cœur.
Et c’est comme si le ciel se faisait miroir d’étoiles, reflétant inlassablement le cortège déambulant avec ses lumières, ses chants, …
Puis comme une cloche retentit au loin, chacun regagne son foyer, allume les bougies, et le réveillon de Noël peut commencer.
Une femme vous invite à la suivre, à célébrer Noël dans sa famille.
Vous découvrez une maison décorée avec soin, une femme qui dispense pleins de petites attentions pour chacun. Sur la table, un repas fait de mets simples mais cuisinés avec tant d’attention qu’il en devient divin …
Vous observez cette femme qui donne tant autour d’elle, à son mari, à ses enfants, à sa mère, à ses sœurs, avec un sourire et un regard complice pour chacun.
Elle répand autour d’elle la joie qui l’anime et si chacun la remercie, la serre dans ses bras, l’honore de l’amour, vous vous inquiétez de ce qu’elle même ne reçoive pas quantité égale de ce qu’elle offre.
A la fin de la soirée, vous lui faites part de vos inquiétudes, espérant réveiller en elle un brin de révolte, un refus de la soumission que vous croyez observer en elle.
« Je vais vous raconter une histoire vous dit-elle
Il y a longtemps, lorsque j’étais petite fille, comme tout les enfants sur Terre, j’aimais offrir des cadeaux, des présents de bout de ficelle, je fabriquais des dessins, des petites boîtes à trésors, des colliers de fleurs et de tiges, … et j’offrais toujours ces cadeaux à ma mère et à mes sœurs qui les accueillaient dans une tendre bienveillance, me souriant et plaçant mon cadeau en évidence pour que je me sente honorée, fêtée à mon tour.
Puis, un jour, j’ai offert un de ses petits cadeaux à mon père, il ne l’a pas vu, l’a posé dans un coin et a continué son chemin. Le lendemain, pensant qu’il n’avait pas compris mon attention, j’ai pris soin de préparer un cadeau plus beau encore, et quand il l’a vu, il m’a dit que je ferais mieux de mettre la table, et ne l’a, encore une fois, pas emporté avec lui. Le lendemain, mon cœur s’est voilé d’un nuage de tristesse, et je n’avais plus envie de faire de cadeaux …
Lorsque jeune fille, je suis tombée amoureuse, la joie est revenue et j’ai cousu un châle brodé pour mon amoureux, celui-ci ne l’a pas trouvé à son goût la couleur, le point ne lui plaisait pas, il l’a rangé dans un coin, et mon cœur à nouveau s'est meurtri.
Un jour, que je cueillais des fleurs avec des amis, un garçon que j’aimais bien et venu vers moi et m’a demandé si j’acceptais de lui offrir la fleur que je tenais dans les mains. C’était un simple œillet, mais quand je lui offris, son regard brillait de joie, il m’a remercié chaleureusement, il était sincèrement heureux de recevoir de moi ce modeste présent. Depuis il est devenu mon mari et j’ai retrouvé la joie d’offrir.
Après avoir été blessée parce que l’on avait pas reçu mes présents avec amour, après avoir été rejetée dans la part la plus tendre de moi, celle qui se livre, qui s'expose, qui offre par un objet un bout de moi, mon cœur s’était refermé, endurci.
Je ne prenais plus le risque d’offrir, si ce n’est parce qu’il fallait le faire, sans y mettre de sentiments, juste un échange commercial en somme, mais depuis que mon cœur s’est à nouveau ouvert, je sais que le plus beau des cadeaux est d’accepter l’amour de celui qui l’offre.
Quand j’offre un cadeau, j’ai pensé à cette personne, j’ai pensé à sa vie, à ses goûts, à ce qui me relie à elle, à l’amour que je lui porte et ainsi je choisis pour elle un cadeau. Je l’emballe avec soin pour faire briller ses yeux, et lorsque je lui offre, je reste avec elle et regarde ses yeux, ses réactions, sa surprise, son contentement.
Bien sûr, j’aime aussi recevoir des cadeaux, mais offrir un cadeau et que celui-ci soit reçu avec honneur pour tout l’amour que j’y ai mis et ce qui fait le plus briller mon cœur en cette nuit de Noël. »
Eglantine Soret-Goussiez
Comentarios